mercredi 5 octobre 2011

& une pensée pour G-Dragon -un de mes artistes favoris- qui est en train de vivre une passe difficile.

(un début de récit inachevé comme beaucoup d'autres)
L’heure tourne, elle fait calmement le tour de son cadran. La fenêtre est grande ouverte sur l‘une des avenues de Séoul, alors le bruit du trafic bourdonne dans ses oreilles, l’agace même. Quant au vent froid de l’hiver, il agresse sa peau blême et provoque des tremblements qui ne le dérangent désormais plus. Les sensations lui paraissent lointaines. Il approche une longue tige blanche de sa bouche, empoisonne ses poumons, le regard perdu et vide. La fumée glisse dans l’air glacial de la ville, s’échappant de ses lèvres presque bleues. Le nuage est épais et il a l’impression qu’il pourrait le rattraper s‘il le voulait.

Séoul ne lui avait jamais paru aussi morne qu’en ce jour. Plus aucun charme ne s’en dégageait, ni des gens, ni des couples, ni des amis, ni des lumières, ni des voitures, ni des klaxons ; Séoul est morte. Elle n’ensorcèlera plus personne. Un peu comme lui. Pourtant il ne lui appartient plus. Il se sent flotté au-dessus d’elle, comme si il l’avait quitté et qu’il l’observait de sa tour d’ivoire. Quand en était-il descendu pour la dernière fois ? Pour que Séoul lui semble si amère n’était-ce pas qu’il avait perdu le goût de la vie. Car à trop vivre dans ses rêves la réalité lui paraissait désormais si fade. Alors son assèchement buccal venait-il seulement de ce qu’il était en train de consommer ? Ou est-ce que depuis quelques mois le goût de la vie n’était juste plus le même ? D’un air désinvolte, il envoie valser son mégot et appuie ses avant-bras sur le rebord. Il n’arrive pas à contempler la vue, ni à s’arrêter sur les détails. Il ne fait que fixer le vide.

« Tu peux fermer la fenêtre ? Ça caille. » Il pouffe d’abord, puis part dans un de ces fous rires qu’on ne contrôle pas et qui effraient. Lentement, il pivote, prend appui sur ses coudes et fait basculer sa tête en arrière. Sa nuque craque, mais il continue de rire, les yeux fermés et le visage orienté vers le ciel. Puis d’un coup plus rien. Juste le silence, lourd, pesant, inquiétant. Un sourire vicieux s’empare de son visage. Son cou se redresse, porte à nouveau son crâne dans un axe convenable. « Dégage. » Il la dévisage, retrace les formes voluptueuses de son corps mais ne remonte jamais plus haut que ses épaules. Il ne sait plus son nom, n’en a pas grand-chose à faire finalement, et a depuis longtemps fini de jouer. Alors il la jette, comme un mouchoir usagé gorgé de germes. Elle ne lâche pas, espère avoir mal entendu mais quand l’index du rappeur lui indique la sortie elle ne perd pas une minute et commence à le couvrir d’insultes. Des synonymes abracadabrants, qu’il connait par cœur et qui l’amusent. La porte claque dans un son assourdissant qui se cogne aux murs de l’appartement et résonne.

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